Les lectures de Nymi

Mercredi 9 juin 2010 à 19:01

L’idiot de Shanghai

Pierre Péju

 Publié en 2009

110 pages

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Quatrième de couverture
 :

"Je ne crois pas qu'il soit possible d'écrire des livres... vraiment nouveaux. Un livre, ça se copie, ça se recopie, mais ça ne s'invente pas. Il n'existe que très peu de livres. Ou bien un seul. Pas même un livre...

Ne rien créer : reprendre... Songez-y. Pendant qu'il est encore temps."

 

Pierre Péju, à travers trois nouvelles subtiles, nous propose une réflexion pleine de finesse et d'humour sur l'écrivain et ses personnages.

 

 




J’ai acheté ce recueil de nouvelles il y a peu, sans doute attirée par la couverture ainsi que ce que le résumé promettait : une lecture rapide, pleine de réflexion certes mais abordable de par sa taille.

 

J’ai pourtant de nombreuses choses à dire sur ce si petit livre. Tout d’abord, j’ai énormément apprécié le style de l’auteur : léger, jamais pompeux mais pourtant très poétique. Les mots coulent et on s’y laisse entraîner avec ravissement.

 

Des trois nouvelles, la première est celle qui m’a le moins frappée. Pourtant, Péju y raconte l’histoire d’un écrivain qui deviendrait subitement incapable de déchiffrer une seule lettre et se retrouverait du même coup totalement dépaysé, d’autant plus qu’il se trouve à Shanghai ! Cette nouvelle est le prétexte à une description de ce que serait la vie de tous les jours sans la capacité de lire, idée certes intéressante mais qui aurait méritée d’être plus exploitée et non noyée sous la quantité d’actions se déroulant dans le même temps.

 

La seconde nouvelle est nommée Les noces de Barbe-Bleu et n’est ni plus ni moins qu’une réécriture moderne du célèbre conte. J’ai peu de choses à dire sur cette nouvelle sinon que j’en ai apprécié l’originalité ainsi que la chute, aussi inattendue que bien pensée.

 

Enfin, la dernière nouvelle est sans conteste ma préférée de ce recueil. Elle s’intitule Les dernières notes de Sherlock Holmes et semble être une réflexion approfondie sur le thème de la manipulation et de la folie. Il me semble difficile de la résumer sans trop en dire, aussi me contenterai-je d’ajouter qu’elle m’a donné l’envie de me plonger dans au moins un Conan Doyle afin de découvrir les aventures de Sherlock Holmes. (non, je n’en ai jamais lu, honte à moi !)

 

En bref, un recueil de nouvelles agréable et idéal pour se changer les idées entre deux lectures.

Jeudi 10 juin 2010 à 13:25

La grammaire est une chanson douce
Erik Orsenna

 

Publié en 2001

136 pages

  

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D'autres titres :

Les Chevaliers du Subjonctif

Quatrième de couverture :

"Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t’aime.

Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.

Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase.

Il me sembla qu’elle nous parlait :
- Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
- Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.



Tout le monde dit et répète « Je t’aime ». Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver."

 

 

Construit à la manière d’un conte poétique, ce petit livre est un éloge de la langue française, un véritable appel à reconsidérer la grammaire non comme une obligation rébarbative mais comme une chose ludique et agréable.

 

J’ai été séduite par l’histoire, certes enfantine et parfois maladroitement amenée, mais toujours touchante. Et j’ai beaucoup aimé la façon qu’a l’auteur de personnifier les mots, d’en faire des personnes à part entière, avec des sentiments et des désirs de liberté et, grâce à ses habiles métaphores, de réexpliquer les composantes d’une phrase de façon ludique.

 

J’ai sourit en lisant la critique de l’analyse littéraire froide qui dissèque véritablement les mots que j’ai tout de même trouvé extrême (même lorsque nous faisions de l’analyse de textes pure et dure je ne me souviens pas avoir trouvé des termes aussi… scientifiques et vides de sens !). Un passage m’a notamment interpellée :  « Le matin, on nous apprenait à découper la langue française en morceaux. Et l’après-midi, on nous apprenait à dessécher ces morceaux découpés le matin, à retirer tout leur sang, tout le suc, les muscles et la chair. »

 

Orsenna appelle au contraire à aimer la langue française, à choyer les mots que nous utilisons et empêcher la disparition de certains autres. Il revendique l’extrême richesse de notre langue et on se prend l’envie d’apprendre de nouveaux mots, juste pour le plaisir de les prononcer.

 

La vision de la langue française est tout de même très enfantine, et ce livre est à mon sens plus un livre pour les enfants d’une dizaine d’année que pour les adultes.

 

En bref une lecture agréable qui m’aurait sûrement plus séduite il y a quelques années de cela.

Samedi 12 juin 2010 à 10:08

Le parfum

Patrick Süskind

 Publié en 1985

279 pages

  

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Quatrième de couverture :

Au XVIIIème siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s’appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre que lui n’aurait pas survécu. Mais Grenouille n’avait besoin que d’un minimum de nourriture et de vêtements, et son âme n’avait besoin de rien.

Or ce monstre de Grenouille, car il s’agissait bel et bien d’un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l’univers, car « qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes ».

C’est son histoire, abominable… et drolatique, qui nous est racontée dans Le parfum, un roman très vite devenu un best-seller mondial, et aujourd’hui porté à l’écran.

 

 

 

Ce livre était dans ma PAL depuis quelques temps et une Lecture Commune sur Livraddict a été le prétexte parfait pour l’en exhumer. Merci donc à Elora !

 

J’ai été transportée du début à la fin par l’écriture toute en finesse de Süskind et par la richesse de ses descriptions. Descriptions par ailleurs très originales puisqu’elles font appel à un sens que nous utilisons somme toute assez peu : l’odorat.

 

Le héros a en effet un don remarquable, celui de sentir chaque odeur avec une acuité exceptionnelle. De l’odeur pestilentielle de Paris, à celle enchanteresse d’un parfumeur en passant par Grasse, Grenouille découvre le monde qui l’entoure et nous offre une vision différente de notre quotidien.

 

Mais Grenouille est loin d’être une jeune homme innocent et humble, il est tout le contraire. Il se revendique comme le plus grand parfumeur de tous les temps – ce en quoi il n’a d’ailleurs pas tord – et a pour ambition de créer le plus grand parfum qui ait jamais existé. Il a en effet, un soir de panique, pris conscience de son absence d’odeur, de son incapacité de se sentir lui-même. Il décide dès lors de se créer un parfum qui lui donnera l’odeur d’un être humain à part entière.

 

Puis arrive son miracle. Un jour qu’il se promène, il entre en extase en sentant le parfum d’une jeune fille. Dès lors il n’a plus qu’une ambition : subtiliser cet exquis parfum et se l’approprier. Pour se faire, il ne renonce à aucune horreur et se fait dès lors l’assassin de nombreuses jeunes filles dans le but de leur dérober leur odeur.

 

Malgré le fait que nous sachions dès le début que Grenouille est un assassin, il m’a été très difficile de le haïr, j’en ai même été incapable. En effet, malgré tous ses meurtres – qui ne sont par ailleurs que très peu décrits – Grenouille reste indubitablement touchant dans le sens où il n’apparaît pas comme un fou, mais comme une personne extrêmement seule et incapable d’éprouver de l’amour pour autre chose qu’une odeur.

 

En bref une excellente découverte et un vrai coup de cœur !

Les avis des autres participantes :
Elora, Pauline, Auudrey

Dimanche 13 juin 2010 à 20:57

Attentat
Amélie Nothomb


Publié en 1997
206 pages

D'autres romans d'Amélie Nothomb :

Péplum
Le sabotage amoureux

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Quatrième de couverture
 :


" La première fois que je me vis dans un miroir, je ris : je ne croyais pas que c'était moi. A présent, quand je regarde mon reflet, je ris : je sais que c'est moi. Et tant de hideur a quelque chose de drôle. Mon surnom arriva très vite. Je devais avoir six ans quand un gosse me cria, dans la cour : " Quasimodo ! " Fous de joie, les enfants reprirent en chœur : " Quasimodo ! Quasimodo !" "
Epiphane Otos serait-il condamné, par sa laideur, à vivre exclu de la société des hommes et interdit d'amour ? Tour à tour martyr et tortionnaire de ses contemporains, il sera ambassadeur de la monstruosité internationale, juré d'un concours de beauté au Japon, mais aussi et surtout, amoureux. Car que peut une âme sensible enfermée dans un corps disgracié, sinon vénérer l'absolu sous les traits d'une femme ?

 

 

 

Tout simplement génial ! J’ai dévoré ce court roman en une toute petite après-midi, il m’a une nouvelle fois été impossible de le reposer après l’avoir commencé.

 

J’ai trouvé brillante l’idée de décrire notre société, tant basée sur l’apparence, par un homme qui se considère comme l’homme le plus laid que la Terre aie portée. Amélie Nothomb nous livre ici une histoire d’amour impossible entre l’ange et la bête, la grâce et la maladresse, le calme et la violence intérieure.

 

Epiphane – on reconnaît par ailleurs la propension d’Amélie Nothomb à donner des noms inattendus à ses personnages – est touchant de par son désir de l’impossible et effrayant dans ses pulsions. Des pulsions agressives certes, mais qui n’ont d’autre but que de sublimer l’amour charnel afin d’en faire un amour spirituel.

 

Ce roman me semble un prétexte pour parler de notre société si hypocrite, dictée par le monde des apparences et de la norme. Car comment définir le beau finalement ? C’est ce cheminement que nous propose Amélie Nothomb dans un style toujours aussi cynique, violent et parfois extrêmement réaliste. Aucun tabou n’est respecté et les fantasmes les plus morbides sont exposés avec une sorte de cruauté qui dérange sur le moment, mais donne encore plus d’ampleur et de profondeur à son personnage principal.       

 

Le thème de l’amour impossible n’a certes rien d’original mais il est traité avec une vision nouvelle, qui place l’apparence en première position, de façon à faire se poser aux lecteurs les véritables questions. Car comme le sous-entend l’auteur, sommes-nous réellement capables de voir au-delà de l’enveloppe charnelle ?

 

En bref, une lecture savoureuse. Ce n’est peut-être pas le meilleur des Nothomb que j’ai lu, mais il m’aura pourtant profondément marquée !

Lundi 14 juin 2010 à 19:21

Le père de nos pères

Bernard Werber

 Première publication en 1998

394 pages

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Quatrième de couverture :

 

D’où venons-nous ? Du singe ? Pas si sûr !

Après avoir visité les mondes souterrains dans sa trilogie des Fourmis et l’au-delà dans les Thanatonautes, Bernard Werber se lance sur les traces du fameux chaînon manquant, le « père de nos pères ».

Une course-poursuite haletante où l'on rencontre: une jeune reporter délurée - ex-cambrioleuse -, un journaliste à la retraite - obèse mais fin limier -, un spécialiste de la préhistoire qui en savait trop, un club de savants passionnés, une charcutière industrielle, une star du X, quelques primates avisés et une dame phacochère qui n'a pas peur des alliances contre nature...

Voyage aux sources de l'humanité, enquête aux mille rebondissements, hypothèses scientifiques stupéfiantes sur le mystère de nos origines... Werber se fait une fois encore l’explorateur des frontières de l’inconnu.

 Suspense, humour, science, aventure : un thriller paléontologique qui pourrait bien changer notre vision du monde.

 

 

NOTE DE L'AUTEUR
" Polar + aventure, c'est le roman fait pour foncer et être efficace. A l'origine j'avais prévu d'en faire un scénario de film, c'est pourquoi il y a beaucoup de scènes d'action allant très vite et des décors jungle. Je compte utiliser mes deux héros Lucrèce et Isidore dans d'autres aventures. Peut être une trilogie D'où venons-nous? Où allons-nous? Qui sommes-nous ? "

 

 

 

J’ai pris ce livre à la bibliothèque sur le conseil d’une amie qui l’avait jugé comme étant le meilleur des Werber. Ayant déjà lu quelques titres de cet auteur et les ayant réellement appréciés – notamment Les Thanatonautes – je n’ai pas hésité et me suis rapidement lancée dans cette lecture. J’ai été aussitôt conquise par la plume de Werber, les questionnements qu’il provoque ainsi que la masse d’information qu’il offre.

 

Il s’agit cette fois-ci de partir à la recherche de nos origines, de ce fameux chaînon manquant entre le singe et l’homme. D’un scientifique à un autre, nous découvrons des théories toutes plus différentes les unes que les autres mais ayant pourtant un but commun : expliquer la raison de l’arrivée de l’homme sur Terre. Chacun y va de sa théorie et nous fait nous interroger. De Darwin en passant par Lamarck nous découvrant une foule d’explications possibles et sommes toute vraisemblables. Mais laquelle est porteuse de vérité ?

 

Le professeur Adjemian a passé toute sa vie à la recherche du chaînon manquant et semble avoir trouvé une preuve sans équivoque qui validerait sa théorie. Il est cependant retrouvé mort chez lui, assassiné. La police classe très vite le dossier mais sa voisine, Lucrèce Nemrod, journaliste scientifique décide d’enquêter sur les circonstances du décès ainsi que sur sa théorie, vraisemblablement responsable de sa mort. Pour se faire, elle demande l’aide d’Isidore Katzberg, ancien journaliste dont la réputation a fait de lui le Sherlock Holmes de la science.

 

Comme dans  ses autres romans, Werber bâtit son récit sur deux histoires parallèles qui s’entrecroisent et se répondent parfois. L’enquête est pleine de rebondissements, de sorte que le lecteur ne s’ennuie jamais et attend la conclusion de toutes ces aventures avec une impatience grandissante au fil des pages.

 

Les personnages sont originaux et décalés, mais déterminés à révéler la vérité au monde entier, cette vérité que certains se donnent tant de mal à cacher et qui changerait radicalement la vision que nous avons de nous-mêmes.

 

En bref, un très, très bon roman qui ne peut que me conforter dans mon désir de découvrir tous les Werber que je n’ai pas encore lus !

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