Attentat
Amélie Nothomb
Publié en 1997
206 pages
D'autres romans d'Amélie Nothomb :
Péplum
Le sabotage amoureux
Quatrième de couverture :
" La première fois que je me vis dans un miroir, je ris : je ne croyais pas que c'était moi. A présent, quand je regarde mon reflet, je ris : je sais que c'est moi. Et tant de hideur a quelque chose de drôle. Mon surnom arriva très vite. Je devais avoir six ans quand un gosse me cria, dans la cour : " Quasimodo ! " Fous de joie, les enfants reprirent en chœur : " Quasimodo ! Quasimodo !" "
Epiphane Otos serait-il condamné, par sa laideur, à vivre exclu de la société des hommes et interdit d'amour ? Tour à tour martyr et tortionnaire de ses contemporains, il sera ambassadeur de la monstruosité internationale, juré d'un concours de beauté au Japon, mais aussi et surtout, amoureux. Car que peut une âme sensible enfermée dans un corps disgracié, sinon vénérer l'absolu sous les traits d'une femme ?
Tout simplement génial ! J’ai dévoré ce court roman en une toute petite après-midi, il m’a une nouvelle fois été impossible de le reposer après l’avoir commencé.
J’ai trouvé brillante l’idée de décrire notre société, tant basée sur l’apparence, par un homme qui se considère comme l’homme le plus laid que la Terre aie portée. Amélie Nothomb nous livre ici une histoire d’amour impossible entre l’ange et la bête, la grâce et la maladresse, le calme et la violence intérieure.
Epiphane – on reconnaît par ailleurs la propension d’Amélie Nothomb à donner des noms inattendus à ses personnages – est touchant de par son désir de l’impossible et effrayant dans ses pulsions. Des pulsions agressives certes, mais qui n’ont d’autre but que de sublimer l’amour charnel afin d’en faire un amour spirituel.
Ce roman me semble un prétexte pour parler de notre société si hypocrite, dictée par le monde des apparences et de la norme. Car comment définir le beau finalement ? C’est ce cheminement que nous propose Amélie Nothomb dans un style toujours aussi cynique, violent et parfois extrêmement réaliste. Aucun tabou n’est respecté et les fantasmes les plus morbides sont exposés avec une sorte de cruauté qui dérange sur le moment, mais donne encore plus d’ampleur et de profondeur à son personnage principal.
Le thème de l’amour impossible n’a certes rien d’original mais il est traité avec une vision nouvelle, qui place l’apparence en première position, de façon à faire se poser aux lecteurs les véritables questions. Car comme le sous-entend l’auteur, sommes-nous réellement capables de voir au-delà de l’enveloppe charnelle ?
En bref, une lecture savoureuse. Ce n’est peut-être pas le meilleur des Nothomb que j’ai lu, mais il m’aura pourtant profondément marquée !