Les lectures de Nymi

Jeudi 8 avril 2010 à 21:58

38 mini westerns (avec des fantômes)

Mathias Malzieu

 

 Publié en 2008

93 pages


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D'autres livres de Mathias Malzieu :

La mécanique du coeur
Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi



Quatrième de couverture : 


Mathias Malzieu est...

Mathias Malzieu est un Petit Prince en anorak. Mathias Malzieu est un homme de goût (il aime les films de Tim Burton, les livres de Richard Brautigan et les disques de Johnny Cash).

Mathias Malzieu est un poète.

Mathias Malzieu est le chanteur de Dionysos, un groupe de rock qui n'arrête pas de faire des bonds pour avoir la tête dans les nuages et décrocher les étoiles.

Mathias Malzieu est un enfant qui a beaucoup appris des grandes personnes. Mathias Malzieu est un pionnier du mini-western : les rêves sont sa frontière.



Une nouvelle fois, Mathias Malzieu nous emporte dans son univers, un monde peuplé de fantômes, d’écureuils, de kinders et de créatures fantastiques. Les nouvelles sont à la fois tendres et cruelles, parfois ironiques et drôles, mais des accents de tristesse et de nostalgie suintent tout de même ça et là.

Les nouvelles se suivent et se ressemblent parfois, se répondent même et gardent toujours cette ambiance si particulière, propre à Malzieu. Petite mention spéciale à la nouvelle sur Calimero et ses kinders surprises, qui m’a beaucoup émue.

En bref, une lecture très agréable et une tonne de citations à recopier dans mon carnet.


Juste pour le plaisir, et parce que c’est vraiment bien écrit :


« Qu’est-ce qu’on devient lorsqu’on laisse s’évaporer nos propres rêves, quand on les regarde s’éloigner comme des petits nuages blancs emportés par la brise, ces fameux rêves qui irriguent l’espoir et toute la machine à pétiller de l’esprit ? qu’est-ce qu’on devient quand tout ça s’assèche petit à petit que même la notion de jeu devient étrangère et que même l’idée d’adrénaline fait peur ?… Qu’est-ce qu’on devient quand on ne se jette plus dans le feu de l’action et qu’on se met à tout trouver "sympas" au lieu d’aimer vraiment les choses ? »

- Un vieux con, voilà ce qu’on devient, répondit-elle. »



Je viens de trouver un site vraiment très bien illustré par Elisa Granowska à propos des 38 mini westerns (et qui conserve exactement l’ambiance) ici.

Mercredi 9 juin 2010 à 19:01

L’idiot de Shanghai

Pierre Péju

 Publié en 2009

110 pages

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Quatrième de couverture
 :

"Je ne crois pas qu'il soit possible d'écrire des livres... vraiment nouveaux. Un livre, ça se copie, ça se recopie, mais ça ne s'invente pas. Il n'existe que très peu de livres. Ou bien un seul. Pas même un livre...

Ne rien créer : reprendre... Songez-y. Pendant qu'il est encore temps."

 

Pierre Péju, à travers trois nouvelles subtiles, nous propose une réflexion pleine de finesse et d'humour sur l'écrivain et ses personnages.

 

 




J’ai acheté ce recueil de nouvelles il y a peu, sans doute attirée par la couverture ainsi que ce que le résumé promettait : une lecture rapide, pleine de réflexion certes mais abordable de par sa taille.

 

J’ai pourtant de nombreuses choses à dire sur ce si petit livre. Tout d’abord, j’ai énormément apprécié le style de l’auteur : léger, jamais pompeux mais pourtant très poétique. Les mots coulent et on s’y laisse entraîner avec ravissement.

 

Des trois nouvelles, la première est celle qui m’a le moins frappée. Pourtant, Péju y raconte l’histoire d’un écrivain qui deviendrait subitement incapable de déchiffrer une seule lettre et se retrouverait du même coup totalement dépaysé, d’autant plus qu’il se trouve à Shanghai ! Cette nouvelle est le prétexte à une description de ce que serait la vie de tous les jours sans la capacité de lire, idée certes intéressante mais qui aurait méritée d’être plus exploitée et non noyée sous la quantité d’actions se déroulant dans le même temps.

 

La seconde nouvelle est nommée Les noces de Barbe-Bleu et n’est ni plus ni moins qu’une réécriture moderne du célèbre conte. J’ai peu de choses à dire sur cette nouvelle sinon que j’en ai apprécié l’originalité ainsi que la chute, aussi inattendue que bien pensée.

 

Enfin, la dernière nouvelle est sans conteste ma préférée de ce recueil. Elle s’intitule Les dernières notes de Sherlock Holmes et semble être une réflexion approfondie sur le thème de la manipulation et de la folie. Il me semble difficile de la résumer sans trop en dire, aussi me contenterai-je d’ajouter qu’elle m’a donné l’envie de me plonger dans au moins un Conan Doyle afin de découvrir les aventures de Sherlock Holmes. (non, je n’en ai jamais lu, honte à moi !)

 

En bref, un recueil de nouvelles agréable et idéal pour se changer les idées entre deux lectures.

Mardi 26 octobre 2010 à 11:37

Le joueur d’échecs

Stefan Zweig

 

Première publication en 1943

116 pages

 
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Quatrième de couverture :

 

Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d'échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d'échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire...
Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s'est donné la mort l'année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d'homme et d'écrivain. Le joueur d'échecs est une confession à peine déguisée de cette désespérance.

 

 

 

 

Voilà quelques mois que j’entendais parler de cet auteur sans m’être jamais décidée à le découvrir, jusqu’au jour où j’ai trouvé un nombre impressionnant de ces livres cachés sur un rayon de bibliothèque. Après avoir survolé les quatrièmes de couverture, je me suis décidée pour celui-ci. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que j’ai été séduite !

 

Cette nouvelle envoûtante se lit d’une traite. Zweig nous emmène avec brio jusqu’aux frontières entre le rêve et la réalité, entre l’équilibre et la folie, la résignation et l’espoir.

 

Les parties d’échec – car elles sont bel et bien le fil conducteur de ce roman – ne sont au début que le prétexte à une genèse des personnages, à une narration de leur passé, de leur évolution. La psychologie des personnages est extrêmement fouillée et complexe pour mon plus grand bonheur, et c’est justement par ces fréquents retours en arrière que nous parvenons à comprendre l’état d’esprit et le comportement des adversaires, et notamment M.B. et Czentovic.

 

La première partie de la nouvelle explique l’ascension fulgurante d’un jeune homme peu intelligent et somme toute fort banal grâce aux échecs. De l’autre côté, Zweig nous dépeint le passé sombre et rempli de désespoir de M.B., emprisonné par les nazis et enfermé pendant de longues semaines sans aucune distraction ni visite. Son seul moyen pour éviter de basculer dans la folie ? Jouer d’interminables et ininterrompues parties d’échec virtuelles contre lui-même. Oui mais rapidement, réalité et folie se rejoignent et M.B. sombre dans un univers rempli de cases noirs et blanches.

 

La partie qui nous est narrée à la fin de la nouvelle et qui oppose Czentovic et M.B. est l’occasion pour M.B. de se prouver qu’il n’a pas perdu la raison, que les échecs lui ont permis de survivre à la torture nazie. Une bouée de sauvetage certes, mais qui se transforme rapidement en prison, en écrin abritant une folie qui n’attend qu’une rechute pour réapparaître.

 

Une nouvelle magnifique, poignante et écrite dans un style très frappant.

Samedi 12 mars 2011 à 23:37

Contes de la fée verte

Poppy Z. Brite

 

 

Première publication en 1993

265 pages

 

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Quatrième de couverture :

 

Que se passe-t-il lorsque deux frère siamois séparés à la naissance n’ont qu’un seul souhait : redevenir un ? Quand chaque apparition d’un chanteur de rock s’accompagne d’un drame ? Quand un entrepreneur de pompes funèbres du quartier de Chinatown vous charge de surveiller un cadavre ? Et quand vous vous perdez dans Calcutta livrée aux morts-vivants ?

Tout le talent de Poppy Z. Brite se dévoile dans ces douze nouvelles à l’odeur de souffre et au goût d’absinthe, dont « Calcutta, seigneur des nerfs », récompensé par le grand Prix de l’Imaginaire de 1998.

 

« Je pense que vous devriez lire Poppy Z. Brite. C’est un écrivain au talent immense et au potentiel incroyable. »

Dan Simmon



Quand Livraddict a proposé ce partenariat avec les éditions Folio, je n’ai pu m’empêcher de me jeter dessus. Poppy Z. Brite est l’une des auteurs qui m’a le plus marquée et fascinée lorsque j’étais adolescente, de par la violence de ses livres et leur force. J’ai commencé ma découverte avec la lecture d’Ames perdues, un roman que j’ai dû relire des dizaines de fois depuis et dont je connais encore certains passages par cœur. Depuis, j’ai lu quelques autres de ses titres comme Le corps exquis et Sang d’encre sans jamais réussir à retrouver l’engouement qu’avait suscité Ames perdues. Certes, la plume est toujours la même, la fascination également, mais il me manquait quelque chose. Mais revenons-en à ce qui nous intéresse, autrement dit aux Contes de la fée verte.

 

Ce recueil nous présente douze nouvelles, bien différentes les unes des autres mais qui présentent tout de même un certain nombre de traits commun, à commencer par leur caractère glauque. Car l’écriture de Poppy Z. Brite est bien particulière et dérangeante pour le lecteur non averti. Le langage est bien souvent cru, violent, frappant, perturbant. Le lecteur est entraîné de New York jusqu’à Calcutta, en passant bien entendu par la Nouvelle Orléans – lieu fétiche de l’auteur dans lequel se passent un grand nombre de ses romans -.

 

S’il y a une chose qu’il faut concéder à Poppy Z. Brite, c’est l’originalité de ses textes. On croise en effet dans ce recueil des frères siamois séparés à la naissance et n’aspirant qu’à la réunion de leurs deux corps, un fantôme qui devient ami avec une strip-teaseuse, un jeune prodige dont la voix provoque ravages sur ravages, une déesse cruelle et sanguinaire, des zombies carnivores, des pilleurs de tombe désœuvrés et blasés par la vie…

 

Toutes les nouvelles ne sont pas égales, certaines m’ont beaucoup plus séduites que d’autres. Mais malgré tout, aucune ne m’a laissé indifférente et c’est déjà beaucoup ! J’ai particulièrement aimé retrouver deux des personnages d’Ames perdues, Ghost et Steve le temps de quelques pages, même si leurs personnalités ne sont pas très développées dans les deux nouvelles qui leur sont consacrées.

 

Poppy Z. Brite excelle dans l’art des descriptions et le prouve une nouvelle fois en réussissant à merveille à recréer l’ambiance étouffante, festive, dangereuse et pourtant fascinante de la Nouvelle Orléans. Et que dire de Calcutta ? Tout y est, la moiteur, la chaleur écrasante, les odeurs d’épices et de décomposition… On s’y croirait. Et comme dans tout roman de Poppy Z. Brite, la fascination s’en mêle et nous empêche de rester indifférent. Et pourtant, la plume est tellement violente et crue qu’on a parfois envie de lâcher le livre quelques minutes le temps de reprendre notre souffle et de récupérer.

 

Ce qui étonne toujours, c’est l’étroitesse du lien entre la  sensualité, voire l’érotisme et la mort. Mort qui est d’ailleurs au cœur des nouvelles, sous différentes formes, mais toujours aussi fascinante malgré son caractère hautement dérangeant. L’un des passages les plus frappants à ce titre est le récit cauchemardesque de cette jeune fille qui, en se rendant sur la tombe de son amour perdu, bascule dans le cercueil et se retrouve corps contre corps avec un cadavre en décomposition. J’en ai encore des frissons et des hauts le cœur.

 

Ce qui est également remarquable, c’est qu’au fil des nouvelles, on en arrive à redouter ce qui va arriver aux personnages. Car le récit finit toujours par basculer dans l’horreur et le cauchemars, qu’importe la façon dont la nouvelle ait commencé. Et c’est précisément le moment où tout va basculer que l’on se met à angoisser, tout en l’attendant avec une sorte de fascination morbide.

 

Malgré toute la violence des textes, la poésie n’est pas absente et encore une fois, la beauté des phrases de Poppy Z. Brite m’a touchée, par sa crudité parfois, mais surtout par cet incroyable talent descriptif qui fait que l’on se met à voir, sentir et entendre ce qui est écrit.

 

Pour terminer ce billet, je tiens à remercier chaudement les éditions Folio et Livraddict pour ce sublime partenariat qui m’aura permis de retomber sous le charme de la plume de Poppy Z. Brite. Ce fut un moment de lecture particulièrement intense. Un coup de coeur !

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