Les lectures de Nymi

Lundi 23 août 2010 à 13:21

Ravage

René Barjavel


 Première publication en 1943

 320 pages

 

 http://cristaux-de-verre.cowblog.fr/images/couv43589109.jpg

 

 




Quatrième de couverture :

 

De l’autre côté de la Seine une coulée de quintessence enflammée atteint, dans les sous-sols de la caserne de Chaillot, ancien Trocadéro, le dépôt de munitions et le laboratoire de recherches de poudres. Une formidable explosion entrouvre la colline. Des  pans de murs, des colonnes, des rochers, des tonnes de débris montent au-dessus du fleuve, retombent sur la foule agenouillée qui râle son adoration et sa peur, fendent les crânes, arrachent les membres, brisent les os. Un énorme bloc de terre et de ciment aplatit d’un seul coup la moitié des fidèles de la paroisse du Gros-Caillou. En haut de la Tour, un jet de flammes arrache l’ostensoir des mains du prêtre épouvanté.

 

 

 

 

 

 

 

Après avoir adoré La nuit des temps (lu en terminal si je me souviens bien) et entendu de nombreuses personnes me conseiller de dévorer tous les Barjavel que je trouverai, j’ai finalement décidé de me lancer dans la lecture de Ravage.

 

J’ai aimé découvrir cette vision futuriste de notre société, la manière dont les machines deviennent indispensables à l’homme qui n’imagine même plus son existence sans elles. Malgré toutes les évolutions, certains choses demeurent immuables : l’attrait de la célébrité, la préférence qu’ont les femmes pour les hommes riches, la manière dont certains tentent de survivre…

 

Lorsque l’énergie vient à manquer, ce n’est pas seulement l’économie qui s’écroule, c’est la société elle-même qui s’anéantit, de même que toute humanité. La panique qui submerge les hommes est superbement décrite par Barjavel, cette peur qui se propage de foyers en foyers et qui fait ressortir l’instinct de survie. Les mouvements de foule sont rédigés avec beaucoup de réalisme, le lecteur est lui-même pris dans cette immense fourmilière qui lutte pour s’enfuir, n’hésitant pas à piétiner les plus faibles au passage.

 

Les problèmes de faim et de soif se font bientôt ressentir et montent les hommes les uns contre les autres. Pillage et meurtres deviennent monnaie courante et la mort côtoie les villes déshumanisées. Les maladies s’en mêlent, le gouvernement – un tant soit peu présent au début – finit par ne plus donner de nouvelles et l’armée se révèle incapable de contenir les flambées de violence.

 

François, le personnage principal, prend les choses en main et accompagné d’une petite troupe, tente l’impossible : trouver une terre hospitalière sur laquelle lui et ses compagnons pourront s’installer et tout recommencer à zéro. Dans ce monde de barbarie dans lequel les gens s’entretuent pour une bouchée de pain, quelques gouttes d’eau, un moyen de locomotion, le plus dur est de rester en vie, de ne pas se laisser gagner par cette violence ambiante, par les hallucinations qui menacent, par les incendies qui ravagent tout.

 

La fin est brillante et démontre que malgré le souvenir des erreurs passées, les hommes n’apprennent que peu de leurs erreurs. Les inventions partent souvent d’une bonne intention, mais ce progrès inéluctable rend l’homme dépendant et fragile.

 

En bref, une écriture froide et réaliste qui décrit sans concession un monde dans lequel l’énergie a disparu, causant l’écroulement de la société et le réveil des plus bas instincts de l’homme. Magnifique, dérangeant… un coup de cœur !

Mercredi 22 février 2012 à 11:09

 1984 
George Orwell
Première publication en 1949
374 pages

http://cristaux-de-verre.cowblog.fr/images/couv47849271.jpg


 
Du même auteur : 
La ferme des animaux


Quatrième de couverture :
   De tous les carrefours importants, le visage à moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face.
   BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens.
   Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance.
   Seule comptait la Police de la Pensée.





              Après une très – trop – longue pause dans mes lectures « plaisir », imputable à la fac et à ma frustration de savoir que je n’ai pas le temps de lire un livre aussi vite que je le voudrais, la tentation d’ouvrir un livre qui m’attirait a été trop grande. C’est entre le ravissement de retrouver mes moments de lecture et la culpabilité de ne pas travailler que j’ai commencé 1984. Et comment dire ? La culpabilité n’a pas fait long feu face à mon besoin dévorant de poursuivre ma lecture.

L’histoire se déroule à Londres, après qu’une guerre nucléaire ait séparé le monde en trois grands blocs : l’Eurasia, l’Estasia et enfin l’Océania. Ces puissances sont en guerre perpétuelle et les changements d’alliés et d’ennemis sont fréquents. Chaque bloc est dirigé par un groupe totalitaire, revendiqués comme étant différents les uns des autres, mais finalement bien similaires. Le crime par excellence est celui de penser et sitôt accompli, avant même que des actes ne suivent les pensées des sujets, ceux-ci sont vaporisés et dès lors, n’existent plus, que ce soit dans le passé (tout document comportant leur nom est falsifié) ou dans le présent (les gens oublient consciemment son existence).

Nous suivons Winston Smith, employé du Parti extérieur, autrement dit membre de la caste intermédiaire, ni privilégié, ni ramené au rang d’animal, comme le sont les prolétaires. Son travail consiste à falsifier les documents qui lui sont envoyés afin que ceux-ci correspondent à ce que le Parti (Angsoc) déclare vrai. Le passé est ainsi activement réécrit et les gens sont conditionnés à croire ce qu’on leur affirme comme étant vrai, quand bien même il est évident que cela ne peut être. L’amnésie sélective est pratiquée inconsciemment par chaque citoyen, sauf Winston qui ne parvient pas à adhérer aux mensonges du parti et développe peu à peu des sentiments de haine çà son encontre.

Le monde créé par Orwell, fortement inspiré des régimes totalitaires du XXème siècle, est effrayant car tout au long du livre, on sent qu’entre la réalité et la fiction il n’y a qu’un pas - qu’il est aisé de franchir. Les idées politiques sont poussées le plus loin qu’elles peuvent l’être et les personnages sont constamment malmenés, qu’ils en soient conscients ou non. Et c’est ça le pire à mon sens, c’est que les habitants de l’Océania sont tellement conditionnés qu’ils ne réfléchissent plus et son incapables de la moindre logique, de la moindre rébellion. Les seuls suffisamment clairvoyants pour faire face à toutes les absurdités qui leur sont débitées sont torturés et mis à mort.

Dès les premières pages un malaise durable s’installe et une révolte sourde gronde du début à la fin. Chaque page ou presque possède en effet son stock de phrases chocs, d’affirmations qu’on voudrait contredire et de personnage qu’on désirerait forcer à ouvrir les yeux.

Les personnages ne sont pas attachants à proprement parler, mais ils serrent le cœur et on ne peut s’empêcher de s’inquiéter du début à la fin pour Winston. La troisième partie du roman est la plus percutante, la plus cruelle aussi mais surtout, la plus superbement menée.

J’ai terminé ma lecture avec une boule au ventre et une angoisse tenace. Je ne saurai pas dire grand chose de plus, si ce n’est que ce roman m’a profondément remuée et qu’il me laisse une certaine amertume, comme si la noirceur de la nature humaine m’avait soudainement sautée aux yeux. Sombre, percutant, poignant, réaliste et très bien mené, avec un style incisif et sans concession. A découvrir !

 

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast