Les lectures de Nymi

Vendredi 1er octobre 2010 à 18:06

Le Voyage d’hiver

Amélie Nothomb

 Première publication en 2009

130 pages

 

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Quatrième de couverture :

 

« Il n’y a pas d’échec amoureux. »

 

Résumé :

 

"Dans les aéroports, quand je passe à la fouille, je m'énerve, comme tout le monde. Il n'est jamais arrivé que je ne déclenche pas le fameux bip. Du coup, j'ai toujours droit au grand jeu, des mains d'hommes me palpent de la tête aux pieds. Un jour, je n'ai pas pu m'empêcher de leur dire : "Vous croyez vraiment que je veux faire exploser l'avion ?"
Mauvaise idée : ils m'ont forcé à me déshabiller. Ces gens n'ont pas d'humour.
Aujourd'hui, je passe à la fouille et je m'énerve. Je sais que je vais déclencher le fameux bip et que des mains d'hommes vont me palper de la tête aux pieds.
Or je vais vraiment faire exploser l'avion de 13 h30."

 

Comme toujours pour moi, retrouver la plume d’Amélie Nothomb est une expérience enchanteresse. Et une nouvelle fois, avec ce roman, j’ai été entraînée par la mélodie des mots et l’univers si délicieusement particulier que Nothomb met en place.

 

Les thèmes abordés dans ce roman m’ont beaucoup touchés, et notamment celui de l’autisme d’une jeune auteure dénommée Aliénor. Une nouvelle fois, l’onomastique se révèle fondamentale dans cet ouvrage et Nothomb nous la dévoile d’ailleurs rapidement (sauf pour le personnage d’Aliénor, mais est-il besoin d’explications pour établir un parallèle avec l’aliénation ?).

 

Le narrateur, Zoïle explique dans un journal sa volonté de faire sauter un avion, non pas pour accomplir un acte terroriste – ce dont il se défend avec passion – mais pour l’amour d’une jeune femme.

 

Nous retrouvons les sujets chers à Amélie Nothomb : l’hiver, le froid, la passion amoureuse et les pulsions des personnages. Le sujet des drogues est également abordé dans ce roman à travers l’usage de champignons hallucinogènes dont l’utilité est ici de révéler la réalité aux personnages. Réalité entre rêve et cauchemars où la temporalité n’a pas sa place et dans laquelle le moindre détail peut tout faire basculer.

 

Le style est toujours aussi percutant, cynique, tranchant et délicieux. Rien à dire, c’est véritablement de la prose nothombienne.

 

En bref, une excellente lecture pendant laquelle le lecteur est emporté dans une tempête de neige brûlante. Un coup de cœur !

  

 

Quelques extraits :

 

"Se délecter de la médiocrité d’autrui reste le comble de la médiocrité."

 

"En écrivant, elle parvient à formuler ce qu'elle ne voit pas dans le quotidien."

 

"Le mal a son hygiène et la mienne me pousse à dire que suite au crash aérien, je serai un salaud, une ordure, un cinglé, une raclure – tout sauf un terroriste."

 

"Le simple fait de vivre est un sens. Vivre sur cette planète en est un autre. Vivre parmi les autres en est un supplémentaire, etc. Déclarer que sa vie n’a pas de sens, ce n’est pas sérieux."

 

"Il y a des femmes qu’il faut aimer malgré elles et des actes qu’il faut accomplir malgré soi."

 

"Se sentir bien est une ambition absurdement exagérée quand se sentir est déjà si rare."

Dimanche 3 octobre 2010 à 14:28

Perceval ou Le Conte du Graal
Chrétien de Troyes 

 

 

Vers 1182-1190 (inachevé)

205 pages 

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Synopsis :

 

Perceval vit à l'écart du monde, ignorant de tout, et même de son nom. Un jour dans la forêt, il croise, émerveillé, cinq chevaliers revêtus de leur armure et décide de rejoindre la cour du roi Arthur pour se faire à son tour armer chevalier. Ainsi débutent les aventures de Perceval qui affrontera cent ennemis, rencontrera l'amour et tentera de percer le mystère du graal.

Comment un enfant rustre et naïf va-t-il devenir un parfait chevalier ? C'est toute l'histoire de ce roman d'apprentissage avant la lettre. Car Perceval ne parviendra au plein épanouissement de sa personnalité qu'à condition de connaître les codes en vigueur. Et même alors, il lui restera à s'en détacher pour accéder à une plus haute vérité.

 

 

 

Il y a quelques mois, Bookine lançait son challenge 1000 ans de littérature avec pour but de faire découvrir des auteurs classiques et développer la culture générale des participants, tout en se faisant plaisir. Pour le premier rendez-vous, j’ai donc choisi de lire un titre de Chrétien de Troyes, auteur dont je n’avais jusqu’à présent lu que quelques textes.

 

Autant le dire dès le début, je n’ai pas été séduite par ce roman. Pour autant, je n’oublie pas que Chrétien de Troyes est l’un des premiers romanciers de l’histoire et mérite, à ce titre, une plus grande indulgence de la part du lecteur.

 

Malgré tout, ma lecture n’aura pas été agréable tant au niveau du style qu’au niveau des personnages. En effet, Perceval, l’un des personnages principaux du livre m’a paru insupportable durant tout le début du roman. Il apparaît comme un jeune homme naïf, n’écoutant les recommandations de ses pairs que lorsqu’il en a bien envie (et ne les comprenant d’ailleurs pas toujours), impulsif et j’en passe. A la limite, Gauvain m’a plus intéressée bien que certains côtés de son caractère m’aient hérissés.

 

La chevalerie a certes ses règles, dont celle de l’honneur avant tout et de la croyance en Dieu, mais trop c’est trop. Bien souvent, les chevaliers se lancent dans une quête perdue d’avance et risquant de leur être fortement préjudiciable, simplement pour qu’on ne puisse pas les traiter de lâches. De même, les trop nombreuses références à Dieu auront su me faire perdre patience.

 

Pour ce qui est du style, j’ai trouvé celui de Chrétien de Troyes bien trop emphatique. Le texte est en effet noyé sous les superlatifs : les châteaux sont tous plus richement décorés les uns que les autres, les demoiselles sont de plus en plus belles, sans parler des chevaliers et de leur attirail ! De plus, c’est peut-être un problème d’édition, mais la mienne était particulièrement pénible à lire : très peu de paragraphes, jamais de saut de ligne lors des dialogues… 

 

L’histoire ensuite m’a semblé très brouillon. On passe des aventures de Perceval à celles de Gauvain sans préavis et sans véritable lien conducteur ce qui reste assez déstabilisant.

 

En bref, une déception pour moi tant au niveau du style que de l’histoire et des personnages.


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Ce livre a donc été lu dans le cadre du Challenge 1000 ans de littérature organisé par Bookine. J'en profite d'ailleurs pour la remercier de son dévouement pour ce challenge et pour le travail qu'elle réalise au niveau de l'organisation et des synthèses sur les différentes périodes de la littérature. Grâce à elle, ma culture littéraire va pouvoir se développer pour mon plus grand plaisir !

Pour lire le bilan de cette première cession ainsi que les avis des différents participants concernant leurs différentes lectures, c'est
ici !

Samedi 9 octobre 2010 à 18:28

Dans un mois, dans un an

Françoise Sagan

 

 Première publication en 1957
132 pages
 

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Quatrième de couverture
 :

 

"Bernard entra dans le café, hésita un instant sous les regards de quelques consommateurs défigurés par le néon et se rejeta vers la caissière. Il aimait les caissières de bars, opulentes, dignes, perdues dans un rêve ponctué de monnaie et d'allumettes. Elle lui tendit son jeton sans sourire, l'air las. Il était près de quatre heures du matin. La cabine téléphonique était sale, le récepteur moite."

 

 

 



 

Françoise Sagan est décidément une auteure dont j’apprécie véritablement la plume. Après Bonjour tristesse et Un certain sourire, j’ai déniché ce livre à la bibliothèque et comme le titre m’a intriguée, je ne me suis pas posée plus de question et je  l’ai emprunté.

 

Ce court récit met en scène un petit groupe de personnes toutes liées les unes aux autres d’une manière ou d’une autre. Ils sont amis, collègues de travail, amants, se connaissent depuis toujours ou viennent seulement de faire connaissance. Le lecteur suit leurs doutes, leurs hésitations, leurs choix et leurs erreurs aussi, et ce pendant une année. Une année entière pendant laquelle tout bouge, change. Et pourtant, une fois l’année écoulée, rien n’a vraiment changé.

 

Encore une fois, un très beau roman qui décrit avec une justesse frappante les sentiments humains, qu’ils soient grandioses ou le soient moins. Ce sont des hommes et des femmes comme tout un chacun qui sont décrits ici, avec leurs qualités mais également leurs plus inavouables pensée. Aucun jugement n’est porté, aucune solution n’est donnée non plus pour atteindre le bonheur auquel tous semblent aspirer secrètement. C’est juste la vie qui est racontée ici, ses aléas, ses détours, ses déceptions et ses joies.

 

Le style est toujours aussi bien travaillé, aussi fluide et agréable à lire. Il m’est difficile de dire pourquoi j’aime autant les romans de Françoise Sagan, mais je pense que cela tient à l’ambiance qu’elle parvient à mettre en place, une atmosphère troublante qui emporte totalement le lecteur.

 

En bref, encore une fois un très bon roman !

Mardi 26 octobre 2010 à 11:37

Le joueur d’échecs

Stefan Zweig

 

Première publication en 1943

116 pages

 
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Quatrième de couverture :

 

Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d'échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d'échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire...
Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s'est donné la mort l'année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d'homme et d'écrivain. Le joueur d'échecs est une confession à peine déguisée de cette désespérance.

 

 

 

 

Voilà quelques mois que j’entendais parler de cet auteur sans m’être jamais décidée à le découvrir, jusqu’au jour où j’ai trouvé un nombre impressionnant de ces livres cachés sur un rayon de bibliothèque. Après avoir survolé les quatrièmes de couverture, je me suis décidée pour celui-ci. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que j’ai été séduite !

 

Cette nouvelle envoûtante se lit d’une traite. Zweig nous emmène avec brio jusqu’aux frontières entre le rêve et la réalité, entre l’équilibre et la folie, la résignation et l’espoir.

 

Les parties d’échec – car elles sont bel et bien le fil conducteur de ce roman – ne sont au début que le prétexte à une genèse des personnages, à une narration de leur passé, de leur évolution. La psychologie des personnages est extrêmement fouillée et complexe pour mon plus grand bonheur, et c’est justement par ces fréquents retours en arrière que nous parvenons à comprendre l’état d’esprit et le comportement des adversaires, et notamment M.B. et Czentovic.

 

La première partie de la nouvelle explique l’ascension fulgurante d’un jeune homme peu intelligent et somme toute fort banal grâce aux échecs. De l’autre côté, Zweig nous dépeint le passé sombre et rempli de désespoir de M.B., emprisonné par les nazis et enfermé pendant de longues semaines sans aucune distraction ni visite. Son seul moyen pour éviter de basculer dans la folie ? Jouer d’interminables et ininterrompues parties d’échec virtuelles contre lui-même. Oui mais rapidement, réalité et folie se rejoignent et M.B. sombre dans un univers rempli de cases noirs et blanches.

 

La partie qui nous est narrée à la fin de la nouvelle et qui oppose Czentovic et M.B. est l’occasion pour M.B. de se prouver qu’il n’a pas perdu la raison, que les échecs lui ont permis de survivre à la torture nazie. Une bouée de sauvetage certes, mais qui se transforme rapidement en prison, en écrin abritant une folie qui n’attend qu’une rechute pour réapparaître.

 

Une nouvelle magnifique, poignante et écrite dans un style très frappant.

Jeudi 28 octobre 2010 à 22:00

Les Chevaliers d'Emeraude,

Tome 2 : Les dragons de l'Empereur Noir,
Anne Robillard
 
 


Première publication en 2003
437 pages
  

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Les autres tomes :

Tome 1 : Le feu dans le ciel
Tome 3 : Piège au Royaume des Ombres

Quatrième de couverture :

 

Après des siècles de paix, les armées de l'Empereur Noir Amecareth envahissent soudain les royaumes du continent d'Enkidiev. Les Chevaliers d'Emeraude doivent alors protéger Kira, l'enfant magique liée à la prophétie et qui peut sauver le monde. Comment ces monstres redoutables parviennent-ils à s'infiltrer sur le territoire d'Enkidiev sans être repérés par les Chevaliers d'Emeraude ? En plus, Asbeth, le sorcier de l'Empereur, s'apprête à enlever Kira...

Afin d'accroître sa puissance avant d'affronter ce redoutable homme-oiseau, le chef des Chevaliers, Wellan, se rend au Royaume des Ombres où il doit recevoir l'enseignement des Maîtres Magiciens. Là, il va découvrir un terrible secret...


 

Après la bonne surprise du tome 1, je n’ai pas attendu longtemps pour entamer la lecture du tome suivant. Et comme un ami de mon frère possède la collection entière, j’ai fait jouer mes relations pour dévorer à mon aise cette série ! Autant le dire tout de suite, le troisième tome ne tardera pas à être lu car si le premier était bon, le second aura su me convaincre de l’intérêt véritable de cette série !

 

Nous retrouvons donc les personnages sept ans plus tard, tentant d’éviter l’invasion des dragons programmée par l’Empereur Noir Amacareth. Les écuyers des chevaliers deviennent à leur tour des chevaliers et reçoivent des écuyers à former. Et là, ça commence à faire du monde et j’avoue que je suis loin d’avoir situé chacun des personnages. Malgré tout, j’ai beaucoup aimé le tournant que prenait la relation entre Bridgess et Wellan.


D
e nombreux personnages m’ont intéressée et j’ai regretté qu’ils ne soient pas plus développé. Et ce serait justement le reproche que je pourrais faire à ces deux premiers tomes : avoir de nombreux personnages permet au lecteur de ne jamais s’ennuyer, mais en contrepartie le peu de développement des personnalités individuelles devient rapidement gênant. De même, j’avoue être un peu perdue dans l’abondance de prénoms et il me faut souvent un temps d’adaptation avant de comprendre de quel personnage il est question.

 

Les descriptions sont encore une fois très belles et nous emportent totalement dans l’univers que Anne Robillard a créé. Le style est toujours aussi fluide et agréable à lire.

 

Les personnages sont très bien décrits – et notamment les hommes insectes – et sont, pour la plupart, attachants. En revanche, autant j’adore Wellan, autant son comportement avec Kira m’a ulcéré. Alors certes, elle peut parfois agir comme une petite peste capricieuse, mais la rejeter en raison de l’homme qui l’a engendrée et l’a rendue différente…

 

Bref, je suis toujours aussi emballée par l’univers extraordinaire créé par Anne Robillard, même si les personnages sont trop nombreux pour que je puisse tous les situer !

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