Le Voyage d’hiver
Amélie Nothomb
Première publication en 2009
130 pages
Quatrième de couverture :
« Il n’y a pas d’échec amoureux. »
Résumé :
"Dans les aéroports, quand je passe à la fouille, je m'énerve, comme tout le monde. Il n'est jamais arrivé que je ne déclenche pas le fameux bip. Du coup, j'ai toujours droit au grand jeu, des mains d'hommes me palpent de la tête aux pieds. Un jour, je n'ai pas pu m'empêcher de leur dire : "Vous croyez vraiment que je veux faire exploser l'avion ?"
Mauvaise idée : ils m'ont forcé à me déshabiller. Ces gens n'ont pas d'humour.
Aujourd'hui, je passe à la fouille et je m'énerve. Je sais que je vais déclencher le fameux bip et que des mains d'hommes vont me palper de la tête aux pieds.
Or je vais vraiment faire exploser l'avion de 13 h30."
Comme toujours pour moi, retrouver la plume d’Amélie Nothomb est une expérience enchanteresse. Et une nouvelle fois, avec ce roman, j’ai été entraînée par la mélodie des mots et l’univers si délicieusement particulier que Nothomb met en place.
Les thèmes abordés dans ce roman m’ont beaucoup touchés, et notamment celui de l’autisme d’une jeune auteure dénommée Aliénor. Une nouvelle fois, l’onomastique se révèle fondamentale dans cet ouvrage et Nothomb nous la dévoile d’ailleurs rapidement (sauf pour le personnage d’Aliénor, mais est-il besoin d’explications pour établir un parallèle avec l’aliénation ?).
Le narrateur, Zoïle explique dans un journal sa volonté de faire sauter un avion, non pas pour accomplir un acte terroriste – ce dont il se défend avec passion – mais pour l’amour d’une jeune femme.
Nous retrouvons les sujets chers à Amélie Nothomb : l’hiver, le froid, la passion amoureuse et les pulsions des personnages. Le sujet des drogues est également abordé dans ce roman à travers l’usage de champignons hallucinogènes dont l’utilité est ici de révéler la réalité aux personnages. Réalité entre rêve et cauchemars où la temporalité n’a pas sa place et dans laquelle le moindre détail peut tout faire basculer.
Le style est toujours aussi percutant, cynique, tranchant et délicieux. Rien à dire, c’est véritablement de la prose nothombienne.
En bref, une excellente lecture pendant laquelle le lecteur est emporté dans une tempête de neige brûlante. Un coup de cœur !
Quelques extraits :
"Se délecter de la médiocrité d’autrui reste le comble de la médiocrité."
"En écrivant, elle parvient à formuler ce qu'elle ne voit pas dans le quotidien."
"Le mal a son hygiène et la mienne me pousse à dire que suite au crash aérien, je serai un salaud, une ordure, un cinglé, une raclure – tout sauf un terroriste."
"Le simple fait de vivre est un sens. Vivre sur cette planète en est un autre. Vivre parmi les autres en est un supplémentaire, etc. Déclarer que sa vie n’a pas de sens, ce n’est pas sérieux."
"Il y a des femmes qu’il faut aimer malgré elles et des actes qu’il faut accomplir malgré soi."
"Se sentir bien est une ambition absurdement exagérée quand se sentir est déjà si rare."