La peste
Albert Camus
(Défi Livre qui dort)
Première publication en 1947
278 pages
D'autres titres :
L'étranger
Quatrième de couverture :
- Naturellement, vous savez ce que c'est, Rieux ?
- J'attends le résultat des analyses.
- Moi, je le sais. Et je n'ai pas besoin d'analyses. J'ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j'ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d'années. Seulement, on n'a pas osé leur donner un nom, sur le moment... Et puis, comme disait un confrère : « C'est impossible, tout le monde sait qu'elle a disparu de l'Occident. » Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c'est...
- Oui, Castel, dit-il, c'est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste.
Après avoir découvert Camus il y a peu avec L’étranger, j’avais décidé de lire d’autres livres de ce auteur. Or, dans le cadre du défi Livre qui dort organisé par Florel, Elora m’avait défié de lire La peste. Pour être franche, je n’étais pas plus emballée que ça par l’histoire et surtout par ce que j’en avais entendu dire. Mais bon, un challenge est un challenge et j’ai donc décidé de me plonger dans ce livre. Et sincèrement, maintenant que je l’ai terminé, je me dis que ça aurait vraiment été dommage de passer à côté !
Dans la ville d’Oran, les rats envahissent soudain les trottoirs, les maisons pour y mourir. Au début, seuls quelques isolés sont recensés, jusqu’au jours où des dizaines et des dizaines de corps de rats sont entassés dans les poubelles. Puis tout cela cesse, pour un temps seulement. C’est ensuite au tour des hommes de subir ce mal et d’y succomber, non sans douleurs. L’épidémie est déclarée et la ville est mise en quarantaine…
Ce qui m’a une nouvelle fois enchantée chez Camus, c’est son style. J’ai été emportée par ses descriptions à la fois crûment réalistes et pourtant remplies de poésie. Cet auteur maîtrise l’art de métaphoriser à la perfection ! J’ai également été séduite par son habileté à utiliser les oppositions dans une visée tout stylistique. On retrouve de nombreux oxymores et on obtient des phrases magnifiques. Ma sensibilité littéraire a été plus que ravie et je ne compte plus le nombre de fois où j’ai lu un passage à haute voix juste pour le plaisir de prononcer ces phrases.
J’ai aimé l’histoire de cette ville qui tente tant bien que mal de faire face au chaos, à la peur et à la mort. Les sentiments de chacun sont emplis d’un réalisme poignant et j’ai été très émue, tout particulièrement par la fin. Mais ce qui a particulièrement attiré mon attention, c’est l’évolution des ressentis des personnages. On passe d’une certitude aveugle que « tout ira bien » à un espoir un peu fou en sa propre capacité à s’enfuir de la ville, avant de tomber dans une résignation qui fait mal au cœur.
Apparemment, ce texte serait une métaphore des évènements ayant eu lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il est vrai que certaines situations peuvent nous y faire penser (les fours crématoires, l’enfermement dans des camps, les couvres-feus…) mais les descriptions sur la maladie et la lente agonie des malades peut laisser penser que ce livre ne se limite pas à une dénonciation du nazisme. Je ne m’avancerai pas trop là-dessus, n’ayant pas étudié ce roman (ce que je déplore !) et n’ayant ainsi pas toutes les clés en main pour me permettre de poser des hypothèses.
Les personnages m’ont plu et surtout ces petites anecdotes insignifiantes les concernant que Camus glisse parfois entre deux évènements.
J’ai beaucoup aimé ce ton distancié, relativement objectif et froid utilisé par le narrateur. Malgré tout, on peut noter des accents de souffrance et de compassion durant certains passages (et notamment ce moment horrible pendant lequel on nous raconte la lente agonie d’un enfant…).
En bref, une superbe découverte qui aura su me captiver autant par le style que par l’histoire et la profondeur des sentiments exprimés. Camus est décidément un auteur que je dois continuer à découvrir !