L’écume des jours
Boris Vian
Première publication en 1947
335 pages
D'autres livres de Boris Vian :
L'arrache-coeur
Quatrième de couverture :
Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant. Dans cette œuvre d'une modernité insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir. Seuls deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains...
Enorme coup de cœur pour ce chef d’œuvre ! Boris Vian est un génie d’avoir inventé un monde si délicieusement absurde ! Au début, j’ai commencé à le lire en tentant de faire appel à ma petite logique, mais j’ai rapidement dû la laisser de côté, puisque qu’environ toutes les deux phrases surgit un élément inexplicable et bien souvent inexpliqué. Et c’est bien ce qui fait toute la magie du livre : au bout de plusieurs chapitres, on ne s’arrête même plus sur le détail absurde, tout simplement parce qu’il ne nous choque plus !
Boris Vian nous emporte dans un monde dans lequel des personnes meurent et sont évacués par des nettoyeurs, et ceci sans que personne ne s’en émeuve plus que ça. Le style est bien souvent désopilant, tellement justement les éléments présents sont étranges. Le personnage de Colin est très attachant, notamment lorsqu’il décide un beau matin qu’il veut tomber amoureux, et fera ensuite tout pour soigner sa belle Chloé. La métaphore du nénuphar m’a beaucoup touchée, de même que la dégradation progressive de l’appartement, au fur et à mesure que la fortune de Colin fondait. En revanche, il m’a été impossible de m’attacher à Chick, peut-être est-ce au vue de la façon dont il dilapidait l’argent de Colin ou traitait Alise…
La dernière partie est très sombre, et je l’ai terminé une boule au ventre, pressentant que la fin serait tragique et espérant en même temps me tromper. J’ai trouvé le dernier chapitre très bien pensé et je suis donc plus que ravie de cette lecture !
En bref, un vrai coup de cœur !
Quelques citations à savourer :
"Puis il fit un signe de croix car le patineur venait de s’écraser contre le mur du restaurant à l’extrémité opposée de la piste, et restait collé là, comme une méduse de papier mâché écartelée par un enfant cruel."
"Devant Colin, accroché à la paroi, on voyait Jésus sur une grande croix noire. Il paraissait heureux d’avoir été invité et regardait tout cela avec intérêt. "
"Entre la nuit du dehors et la lumière de la lampe, les souvenirs refluaient de l’obscurité, se heurtaient à la clarté et, tantôt immergés, tantôt apparents, montraient leur ventre blanc et leur dos argenté."
"Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir."